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Envers et contre tout, et rien qu’entre toi et moi !

18 novembre 2009

Mercredi 18 Novembre 1609,

Francesco mio,

Tu me connais bien mon joli coeur, je n’aime pas qu’on me marche sur les pieds !

Hier j’allais à la fabrique centrale de masques de notre guilde « Mystères, Ombres, Déguisements et Mystères » comme je le fais les jours où j’ai besoin de me faire louer par mes courti… heu mes fabricants préférés.

Et que vois-je en arrivant ? Mon fidèle Frère Hérético, se précipite vers moi et me fait son rapport de surveillance des fabricants.

Horreur ! Il m’apprend qu’un petit groupe de fabricants s’était retranché dans un atelier et fabriquait des masques non conformes à mes prescriptions !

Il y avait là l’ingrat Dupino, l’intrigante Di Cremoso, le duetto Cocobino, Lucia Di Ridero,  Fabio Lauresti, et même, en esprit, la très très ingrate (car je lui ai tout donné comme chacun le sait) Virginia Votinetti et sa bande de lutins masqués.

Jusque là rien que des sous-fifres, pas de quoi fouetter un chat, mais je faillis m’étouffer lorsque je vis dans le fond de l’atelier la félonne, la perfide, la sournoise Corina il Pagini !

Et que fabriquaient ces intrigants ? Des masques VERTS !

Une commande spéciale de Daniele Competito se défendaient-ils quand je leur ai ordonné d’arrêter, car c’est moi qui ordonne ici, que diable !

Il Pagini l’effrontée  m’a soutenu mordicus que les masques verts commandés par les Verdicce sont les seuls susceptibles de faire rebondir  notre guilde depuis que Competito a fait fortune lors de l’élection des représentants de Venise à l’assemblée des villes de foire d’Europe (où notre guilde s’est plant..euh comportée honorablement) !

Or, comme tu le sais, j’ai choisis pour la collection printemps-été 1610 de délicieux masques roses orangeâtres qui scelleront notre amitié nouvelle avec les Pagliaci di Scena, et je ne tolèrerais pas que des masques verts orangeâtres, limite couleur caca d’oie, sortent de nos ateliers, en tout cas, pas tant que je ne le déciderai pas !

Je sais que tu préfèrerais qu’on se passe de notre collection de masques cette année, car les coûts de fabrication se sont envolés et nous aurons besoin de cet argent pour nous démarquer lors du superbe carnaval de 2012, qui précèdera l’élection du Doge. Mais il ne faut tout de même pas que nous perdions la main d’ici-là et produire une petite centaine de masques ici ou là pour quelques fidèles clients nous permettra de maintenir quelque peu notre savoir-faire.

Reste à faire passer ce manque d’ambition auprès de nos fabricants… mais je compte sur tes talents oratoires.


Je compte aussi sur toi pour m’aider à ramener tous ces petits cloportes dans le droit chemin et t’occuper sérieusement de la Il Pagini qui commence sérieusement à échauffer mes exquises petites oreilles (pour lequelles tu m’as toujours louée…).

Quant à l’ingrat Gistani, qui intrigue avec elle et a quitté la guilde pour développer son projet de lampions alternatifs, je te garantis qu’il n’aura bientôt plus aucun client pour sa fabrique de lampions, tu sais combien j’ai bien appris de toi.

Ta Marinellounette fraîche comme une rose

Ps : L’hérético toujours prompt à fayoter pour gagner mes faveurs, m’a aussi fait part pêle-mêle d’informations insolites sur d’autres sous-fifres qui me font dire que Venise est dans une situation bien étrange ces temps-ci :

– Les membres de la confrérie familiale du « Jesus GRID ressuscité » seraient revenus dans le droit chemin et font comme s’ils ne nous avaient jamais fortement mis en cause toi et moi,

–  Francesca Bianca se serait faite attaquer par les paons du zoo de Venise,

– Gianfranco Democratico, ton fidèle serviteur, se livrerait en martyr et dans l’indifférence générale aux pires attaques de nos détracteurs,

– La princesse Mirabella, et c’est tout à fait plaisant, aurait perdu la mémoire à cause d’un philtre malencontreusement bu chez Melvina Silva la sorcière (et ne se souviendrait que d’une chose : ton nom, ce qui me fait m’interroger),

– Giacomo-Erico Branati, qu’on a connu beaucoup moins indulgent envers toi mon Francesco proposerait ses services pour nous aider à châtier cet Antonio Dupino à la langue bien pendue… etc.

Pauvre guilde….

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Mémoire pour l’instruction du Dauphin – Chapitre 1er : Le «code d’honneur» des olikarkes

20 octobre 2009

Memoire dauphin

Doge Nicolo da Ponte : «Il  y a la loi, les policiers, le juge… Et il y a la famille. Tu me suis, hein ?  La famille fait toujours appel aux forces de l’ordre. Elle ne se fait pas justice elle-même… d’ailleurs elle utilise bien la justice et les autres institutions de la République de Venise, comme quand on t’avait volé ton petit poney, tu te souviens ? Je t’explique : si quelqu’un te fait un tort mineur, tu vas direct me trouver… Tu me le dis, j’appelle mes potes et c’est vite expédié. C’est comme ça que les choses fonctionnent entre nous

Giovanni da Ponte : «C’est ça, faire partie de l’olikarkieeu ?»

Nicolo da Ponte : «Oui, c’est ça. Et puis, il y a olikarkie et Olikarkie. Ceux qui font du petit trafic de postes mineurs, et ceux qui sont, comme nous, des “hommes d’honneur” qui agissent pour le bien de la collectivité de père en fils, qu’on appelle des olikarkes tendance monarkes. Ceux-là ne s’adressent jamais aux autorités, ils SONT les autorités.


le voleur de venise

S’il faut redresser un tort fait à mon fils, lui trouver un emploi, de l’argent, pas besoin de perdre son temps. J’achète un tel ou un tel par l’octroi de faveurs ou des menaces et je résous le problème moi-même.»

Giovanni da Ponte : «Tu m’avais pourtant dit-eu quand j’étais petit-eu que les olikarkes, ce sont ceux qui ne respectent pas la loi, les institutions républicaines et s’en foutent plein les poches…»

Nicolo da Ponte : «Mais personne ne respecte la loi…»

Giovanni da Ponte : «Aucun olikarke ? »

Nicolo da Ponte : «C’est évident. Ils sont contre la loi… Parce que les lois votées ne sont jamais appliquées, sauf quand elles servent leurs intérêts. T’as compris ? Allez, va t’entraîner maintenant à tirer sur les pigeons !».


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Doge de Venise, un metier difficile !

17 octobre 2009

portebillet  Dans le porte-billets du Doge, du 5 au 9 Octobre 1609

 Lundi 5 Octobre 1609,

 Divin Doge,

 Voici quelques centuries que j’ai rédigées ce matin afin de vous alerter des douloureuses divinations qui me hantent a votre propos :

 Centurie LIII

 Roi carnavalier injustement préféré au maître des eaux oublié

Se verra honoré par aréopage des sages mondiaux

Grand chantre de la paix il sera désigné

Maitre des eaux marri se retrouvera bientôt

 Centurie LXV

 Ministre cultivé cultivera problèmes

Indigènes lointains remonterons du passé

Citoyens indignés lui jetteront l’anathème

Piteusement défendra son honneur bafoué

 Nostramincus, devin officieux de sa dogéité

 Alain Minc

 

 Mardi 6 Octobre 1609,

 Fooooooooooormidable Doge,

 Pouvez-vous m’aider à raisonner Francesco Braïni, vous qui le connaissez malgré tout si bien ?

 A la fabrique de Masques, Ombres, Déguisements Et Mystères, nous nous demandons ce qu’il veut vraiment : alors que nous n’avons pas encore pu refourguer la collection de masques bleus de 1606 que l’Union des Marchand de Poignards nous avais commandés, il m’avait ordonné  en juillet d’accepter une commande de masques rose-orangés de la part des Pagliacci di Scena.

Alors je fais travailler mes fabricants à plein régime, comme d’hab’ je dégomme les récalcitrants, je vitrifie les hésitants, et je musèle les indécis…  et que m’annonce-t-il ce matin ?

 « Marin’ (il m’appelle Marin’ en privé) laisse choir les masques roses, les masques verdâtres rapportent plus, on change la collection !».

 Comment vais-je annoncer aux Pagliacci, qui m’ont promis monts et merveilles, que nous allons ainsi aller au plus offrant ? Je me sens parfois si faible…

 Marinella Di Sarnofio, bleue, orange, rose, verte

sarnez

 

 Mercredi 12 octobre1609,

 Doge, mon paute

 Y en a mare, marre, marrrre !

 Fou donk en taule Fabio Lauresti et Lucia Di Rrridérrrro.

 Il ecrive dé bilé ilyzibleux qui marrache les zyeu

 Si ca kontinus ze vé me fachais tou rrrrrouje !

 Si tu fé pa sa ze shante sous ta fenaîtreu, crrrroââ !

 Bambino Crapino de la laguna marecagiosa

 crapaud

 

Jeudi 13 Octobre 1609,

 Bonsooooooooooooir Ô toi doge lumineux qu’on voit briller au firmament des princes, prince d’une cité millénaire et magnificence suprême de la lagune !

 Je sais, j’aurais dû mieux vous prévenir que j’adoooore les jeunes étrangers à Venise.

Les voir batifoler dans la lumière du matin me mets dans un état d’exci euh d’exégèse proche de l’orgas euh l’organique joie interne.

 Pouvoir les palp euh leur parler est un ravissement. Jeunes, Vieux, Jeunes, Jeunes, Jeunes vous le voyez je les aime tous !

 Vous trouverez en moi toujours le plus perv euh permanent soutien de votre dogiété fabuleuse, alors ne me répudiez pas pour mon amour des belles et jeunes choses.

 Je ne veux pas mourir à Venise !

 Fédérico Mitterano, satyr… euh satisfait

Frédéric-Mitterand

 

 Vendredi 9 octobre1609,

 Papounet,

 J’hésite vraiment… plus trop beaucoup encore.

 Quand tu m’as proposé le poste de conseiller au Parlement des Eaux de Venise, j’ai été fou de joi-eu !

Quand tu m’as proposé le poste de chef du groupe de l’Union des Marchands de Poignards au parlement des eaux de Venise, j’ai été ravi-eu !

Mais là, président de la chambre de commerce de la Sérénissime, à 23 ans, j’hésite vraiment-euh…

 Franchement tu m’avais habitué à mieux pour moi, ton fiston adoré-eu !

Oser me nommer par le « fait du Doge » à un poste honorable certes mais non rémunéré en sequins sonnants et trébuchants, tu te moquerais pas de moi par hasard-eu ?

 A quoi bon être le prince Giovanni pour être traité comme un manant ? Vraiment papounet si tu ne fais pas quelquechose, il est très possible que je me mette à trépigner et à retourner à mes chères études ! Tu auras été prévenu-eu…

 Prince Giovanni Da Ponte

jean sarkozy

 

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Un Maure vivant si singulier…

13 septembre 2009

444px-MoorishAmbassador_to_Elizabeth_IVenise, Dimanche 13 Septembre 1609

Noble Doge,

En tant que nouveau chef de la police dogéale, je demande à votre Grandeur de me permettre de prendre les dispositions légales pour que les réfugiés maures ne m’accostent plus quand je déambule dans les rues de notre cité céleste.

Hier encore, un groupe de nos marchands de poignards m’a hélé alors que je devisais sur  1617 avec le fielleux Gianfranco Copi.

Une de nos marchandes insista pour que je salue un de leur domestiques, Maure de son état mais qui selon elle, allait dans le droit chemin en suivant désormais les lois de notre sainte église.

Ce Maure était un Maure tout à fait classique, de type mauresque, d’une apparence mauresiquessisante  et d’une élocution toute mauresquée.

La marchande  soutenait fermement que ce maure avait été dressé : il vous aimait Ô grand doge (ce qui chez les Maures est assez rare avouons le, malgré le fait que mes hommes fassent bonne garde), il fréquentait les églises et il mangeait même du pied de cochon !

Je tâtais promptement ce phénomène qui me semblait irréel. Aucune magie, ni illusion là dedans : ce maure était bel et bien là et tel qu’on me le décrivait !

Quelle révélation ! Quelle découverte ! Il est donc possible de trouver des maures apprivoisés ?!

Bon, bien évidemment, même apprivoisés, les Maures doivent s’apprécier en petite quantité car, comme vous le savez, « un, cela peut passer mais quand il y en à plusieurs, les problèmes arrivent ».

Je demande donc  la maur… euh, mort dans l’âme, humblement à votre dogéité de prendre un décret réduisant la circulation des maures à Venise et surtout de leur interdire d’approcher le chef de la police.

Si ces mesures ne sont pas prises vous verrez qu’un jour, les Maures seront partout et même parmi votre cour… pauvre Venise !

Fabricio Ortofuoco, sur ses gardes !

Hortefeux

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L’orange roseâtre de Septimanie

8 septembre 2009

ambiance-fete

Voici le récit de la fête annuelle de la guilde des fabricants de Masques, Ombres, Déguisements Et Mystères qui s’est déroulée dans une ambiance rose bonbon acidulée, dans une ville de Septimanie située en bord de mer.

Votre serviteur était invité à s’exprimer devant les fabricants de la guilde, ce qu’il a d’ailleurs fait avec brio, si ce n’est les passages que Francesco Braïni lui a gentiment demandé de retirer car trop acides à son goût.

J’ai été très applaudi par l’assistance, ce qui m’a ravi.  C’est quand même dommage car mes propos initiaux étaient encore plus amusants, je vous l’assure, mais quand le chef de guilde exige, nous nous exécutons.

Voici le compte-rendu des propos entendus ou supposés lors de cette inoubliable fête :


Les Regrettés car absents :

Il Barone Del Torchetti: “Une fête sans Catharina Dal Masio ne saurait être une fête ! ”

Enrico Giuliardi : “Aucun article du règlement intérieur de la guilde ne prévoit ce genre de festivités, que je n’honorerai donc pas de ma présence”

Giacommo Cauvière (très prosaïque) : “Pas eu le temps de venir, trop occupé mais je ne me faisais aucune illusion de toutes façons”

Guillermo Di Casanogon : « Pendant qu’ils sont en Septimanie,  je reste à Venise m’occuper de leur femmes »

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Ervino Jacobi :  « Le souci de toutes façons, c’est Marinella ! »

Adora Toumo : “Moi je ne pouvais pas laisser mon canasson tout seul !”

Les fêtards de la guilde

Francesco Braïni : “Vive le théâtre ! vive la commedia dell’ arte ! La prochaine collection de la guilde que nous définirons lors de notre future réunion de travail chez notre vice-chef de guilde le baron GianMaria Von Clakendistonitulesaxetropinitonenberg sera composée de masques d’Arlequin et de Polichinelle. Comme cela nous pourrons monter sur scène avec les Pagliaci Di Scena, histoire de relancer la guilde avec cette collaboration artistique inédite ”.

Marinella Di Sarnofio : “Auprès de Vincenzo Peilloni, Roberto Ugine et Daniele Competito j’ai passé un été FOOORRRRMMMIIIIDDDDAAAABBBBBBLLLLLE !!”

Corinna Il Paggini : “Cette guilde pourrait faire des masques encore plus jolis, pour peu qu’on écoute les fabricants”

Francesco Fiori : « J’aime user d’un langage fleuri quand je parle de belles plantes « 

Baron GianMaria Von Clakendistonitulesaxetropinitonenberg : “Ayez confiance, moi vivant, la guilde sera mon gagne-pa… euh mon idéal”

Le duo Cocobino : “Chaton, c’était pourri comme fête, on ne reviendra plus !

Christo Gistani : “J’ai mis un de mes lampions près de mes yeux et tout d’un coup la lumière m’est apparue, la guilde n’est pas en réalité ce que je pensais et ses chefs sont promoteurs de procédés de fabrication archaïques, je le ferai savoir !”

Geronimo Charreti : “Moi et mon copain Michele Hinardi , nous avons surtout apprécié la taverne , hips ! ”

Chantinella Portusola : « Peuchère, Mon beau Francesco m’a confié la mission de compter les serpentins du stock de la guilde, que je suis contente, que je suis flattée, que je me sens investie, quelle lourde responsabilité qui me revient, quelle personne importante je deviens ! »

Serpentins

Enrico Il Piccolino Rosso (s’adressant aux fabricants) : “Marinella, Marinella, Marinella, Marinella,, Marinella, Marinella, Marinella, Marinella  !” , “J’ai bon là ?”,

Thomassone Cortegiano : “Toutes ces personnalités ! je ne savais plus où donner de la brosse à reluire”

Frère Hérético : “Cortegiano, c’est moi le courtisan officiel, imposteur !”

courtisan

Nicolo Mansinetti : “Sans jouer l’avocat du diable, la commission de création des masques a-t-elle été consultée ?”

Giacomo-Enrique Strossi : “ Et après tout, qu’est-ce qu’un mensonge? La vérité sous le masque..”   (Byron)

Les membres de la confrérie de « Jesus GRID ressuscité » : « Braïni ne s’en sortira pas sans que notre toucher mystique lui montre le chemin… »

Fabio Lauresti : “Où es la délicieuse Francesca Bianca ?”

Lucia di Ridero : “J’ai trouvé dans un coin une cravache dorée, hum j’en frémis d’avance…”

Bambino Crapino de la laguna marecagiosa : “Tant que je garde mon masque de gros méchant, on ne s’apercevra pas qu’en réalité je suis un gamin juste un peu insolent”

Francesca Bianca : “Quel faux-cul cette Marinella !”

Princesse Mirabella : “Je reste dans la guilde et je re-signe !”

Faustina Sediro, Claudio Skeptikosi et Christophio Technezisto : “Hélas, Hellas !”

Norina Cortegiano : “Moi je savais tout ce qui allait se passer, et tout ce qui allait se dire. Mais si ! je t’dis que je savais ! ”

Rometino Lucci et sa bande de joyeux drilles : « Vive le vin de Septimanie, hips ! ”

Virginia Votinetti et sa bande de lutins masqués : « Engagez vous, à vous engager dans un engageant engagement, youpiii ! ”

Christophio Cineuko : “Bande de gros pouilleux ! ”

Et enfin le mot de la fin :

Francesco Sabieri di Penalti, toujours aussi épanoui au Comité d’Ethique et d’Hygiène Corporelle de la guilde : “C’était une très belle fête, s’il y en a un qui dit le contraire je m’en vais le convaincre en toute fraternité !”

Gianfranco Canio, Gazette Marianni Di Venice du 08 Septembre 1609

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Les nouveaux habits de Marinella

7 septembre 2009

Comedia

Lettre à la princesse Mirabella

Mercredi 26 août 1609,

Chère cousine,

Je reviens à Venise après mon long séjour chez vous à Florence et je découvre qu’après sa  liaison passionnée de l’année dernière avec l’acteur Bertolomio Delonaionne de la troupe “Pagliacci di Scena”, Marinella di Sarnofio aurait, finalement jeté son dévolu sur la troupe entière !

Je vous rassure, pas charnellement ! Mais il s’avère que la troupe était en court de financements et qu’elle a dû se contraindre à se faire prêter à titre gracieux des costumes de scène auprès de Marinella pour remplacer ses oripeaux.

rose-orange

Quelle surprise ! Je suis moins étonnée de l’attitude désintéressée de Marinella, pourtant d’ordinaire toujours prête à remplir les caisses de notre confrérie, que du changement d’attitude des Pagliaci, d »habitude si véhéments envers notre guilde ! Ils préféraient jusqu’à présent s’approvisionner auprès des Verdicce, la Confrérie des marchands d’épices, d’herbes médicinales et d’objets ésotériques, qui leur tissaient de jolis costumes pour arrondir leurs fins de mois difficiles, mais ces derniers ont vu récemment leurs ventes  de gris-gris croître de manière surprenante et ne veulent désormais plus honorer leurs engagements.

Il faut avouer que le commerce de gris-gris rapporte beaucoup depuis que les attaques de Da Mondialus se sont intensifiées, ce dernier n’hésitant désormais plus à empoisonner bêtes et points d’eau pour terroriser la population

Je présume que les motivations de Marinella résident dans sa volonté d’accroître la notoriété de notre Guilde, car elle n’a pas hésité à faire connaître ce beau geste à la population de Venise, mettant en avant le scandale que représenterait l’indigence d’une si illustre troupe dévouée à son divertissement, en comparaison avec l’opulence des jeux et festivités organisés au palais dogéal.

Certaines mauvais langues n’hésitent d’ailleurs pas à dire que Francesco Braïni s’étant amouraché de Gigi l’Amorosa, une petite comédienne de la troupe aux moeurs légères, il aurait chargé Marinella de lui offrir, aux frais de la guilde, un joli costume de Colombine coupé dans le meilleur tissu, et qu’il ne s’interdirait pas d’assister personnellement aux prochaines répétitions de la troupe pour être plus proche de sa dulcinée.

columbina

Ce qui  me fait penser que « faire la charité c’est bien. la faire faire par les autres, c’est mieux. On oblige ainsi son prochain sans se gêner soi-même ».

Comtesse Lucia di Ridero, sur le pont des surprises

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Francesco et le coup raté

19 juin 2009

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Librement inspiré d’une fable qui sera écrite 60 ans plus tard par un auteur de génie


Francesco dans sa tête avait pour seule devise
« Je serai à coup sûr élu doge de Venise ».
Sûr de lui, aveuglé, il allait à grands pas ;
Sans écouter personne hormis tous ses sherpas.
Marchand de masques ainsi engagé
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le bien qu’il tirerait de son élection,
Et combien de Vénitiens vénéreraient son nom;

Il m’est, disait-il, facile,
D’amener ce bon peuple à vouloir mon ascension :
Et je serai bien habile,
je les ferai languir sans montrer d’ambition.
Critiquer le doge en place ne m’amènera que du bon ;
je capitaliserai sur mes critiques louables.
Ma guilde se réjouira d’être dans mon giron.
Et qui m’empêchera de mettre sur la table,
des idées de mon cru et la tête de mes rivaux,
Que je debusquerai dans ce vil marigaux ?

Francesco là-dessus fonce ainsi, transporté,

Vite ! L’élection des représentants des villes de foires arrive ;

Hélas ! Erreur ! Adieu tous mes projets !

Chef de guilde, quittant d’un oeil marri
Sa destinée ainsi perdue,
Va s’excuser devant le peuple

En grand danger d’être déchu.
Car le récit en farce en fut fait ;
On l’appela « le coup raté ».

Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus, Francesco, enfin tous,
Autant les sages que les fous !
Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
Je m’écarte, Je vais détrôner le Sophi ;
On m’élit roi, mon peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Mais hélas ! Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant.


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Le bal des enquiquineurs

20 avril 2009

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__Dans le porte-billets du Doge, du 13 au 17 Avril 1609

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 13 Avril 1609,

 

Divin Doge,

 

Voici quelques centuries que j’ai rédigées ce matin afin de vous alerter des douloureuses divinations qui me hantent a votre propos :

 

Centurie XXXII

Par-delà les frontières, libellés étrangers frapperont Maître des Eaux.

Impératrice raillée, Madrilène moqué et Roi des colonies jalousé monteront au créneau.

Sérénissime prince condamné d’arrogance,

Augmentera encore des monarques la défiance.

 

Centurie XXXVII

Ministres de la Cité des Eaux perdront toute mesure,

Privilèges supplémentaires en privé ils s’assurent.

Maître des Eaux fâché, vertement les tancera.

Chaque ministre la queue basse et geignant partira.

 

Nostramincus, devin officieux de sa dogéité

Alain Minc

 

 

 

 

 

 

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Mardi 14 Avril 1609,

 

 

Mooossssieur Da Ponte,

 

Vous ME  connaissez, dès que JE peux ME montrer et ME faire mousser grâce à des causes difficiles, JE suis partante.

 

En toute SO LI DA RI TE, JE suis partie hier en mission dans les faubourgs de Venise afin de rattraper vos bêtises et votre violencitude verbale.

 

Là dans ces endroits lugubres et miséreux, J’ai pu rencontrer les esclaves maures que vous abandonnez à leur sort comme des animaux.

 

JE ME suis excusée au nom du Doge et de la Sérénissime Venise, J’ai dû me sacrifier et leur promettre la mort dans l’âme de ME dévouer en ME présentant en 1612 afin que jamais un doge ne les insulte de nouveau.

 

J’espère que MON sens du sacrifice ne vous aura pas échappé et que vous ME céderez votre place sans trop de difficultés le jour venu.

 

 Solène LaReine, en face du palais du Doge, en repérage…

segolene

 

 

 

 

 

 

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Mercredi  15 Avril 1609,

 

Nic, mon grand fou

 

Alors moi c’qu’j’voudrais c’est arrêter de m’coltiner les familles bourges de la lagune et avoir un poste plus cool dans ton équipe, t’vois’c’que’j’veux dire ?

 

Alors les écoles ça m’irait bien, ou alors ou alors les pequ’nots, ça c’est bien les pequ’nots non ?

Si c’pas’possible , je me verrais bien chez les juges, ah oui c’est bat les juges !

 

A moins que tu me réserves les gardes dogéaux ….. hum hum hum une visite d’inspection chez les gardes dogéaux j’en frémis d’avance !!!!

 

Alors Nic’ réponds moi vite , j’brûle d’savoir à quelle sauce tu vasm’ manger et ne fait pas ton timide hein, tu ne disais pas non dans l’temps…

 

Nadina Morona, Etna en miniature

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Jeudi 16 Avril 1609,

 

Nicolo,

 

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

Je ne serai plus jamais absent de l’Assemblée des Notables et je suis un vilain.

 

Alors ça y est, tu lèves ma punition ?

 

Ton pote, Gianno Copi

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Vendredi 17 avril 1609,

 

Doge Da Ponte,

 

Qu’ouïe-je ?

Qu’apprend-je ?

De quoi suis-je informé ?

 

Il paraîtrait que pour de vulgaires mesures d’économie vous voulez retirer le garde dogéal que la République de Venise met à ma disposition pour me protéger ?

 

Je vous rappelle qu’en tant que chef de la Guilde des « Mascarades Ombres Déguisements et Mystères », je suis menacé par les terribles chevaliers Espagnols de l’ETA, les austères « Escadrons Teinturiers Andalous », qui  ciblent de leur peinture rouge tout ce qui a trait de près ou de loin aux festivités du carnaval.

 

Or si vous ne voulez pas porter la lourde responsabilité de faire de votre serviteur un martyr de la gouache, il faudrait penser à ne pas ôter la protection à un être si cher.

 

Je compte donc sur vous, au nom du futur radieux de notre cité…

 

Francesco Braïni, futur doge

Bayrou

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Le Braïni et le Di Villapini

8 avril 2009

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Librement inspiré d’une fable qui sera écrite 60 ans  plus tard par un auteur de génie

Maitre Braïni sur un arbre perché tenait dans son bec un sondage

Maitre Di Villapini par les chiffres alléché lui tint à peu près ce langage :

Hé bonjour monsieur du Brainï

Que vos masques sont jolis

Que j’aime tous vos mots !

Sans mentir, si vos attaques du doge

Se rapportent au fait que vous me faites des éloges,

Vous seriez prince d’une Venise où je serais le roi

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A ces mots, Braïni ne se sent plus de joie

Et ouvre tout grand les bras, vers le grand sournois

Di Villapini réagit et dit :

Apprenez cher monsieur que tout brillant comme moi vit aux dépens de celui qui l’écoute

Cette leçon vaut bien un ralliement sans doute

Braïni verra bien sur le tard que Villapini sur lui ne comptera pas.

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Décret Dogéal du 1er Avril 1609 dit «Décret des sequins désempochés»

1 avril 2009

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MOI, Nicolo Da Ponte, Doge de la Sérénissime Venise jusqu’en 1612, et Doge à vie si les auteurs de ces chroniques respectaient les réalités historiques (ce qui a toujours le don de m’agacer d’ailleurs)

Attendu que :

1) En ce moment le peuple dans sa pénible ingratitude envers moi, gronde et me réclame des actes forts

 2)   Mon devin personnel me prédit les pires tourments si je ne réagis pas à la dérive coupable des notables vénitiens

3)    Pour préserver mon train de vie princier et ma cassette personnelle, je dois renflouer les caisses de la Sérénissime par d’autres moyens

4)    Les propos et écrits de certains chefs de guilde m’insupportent de plus en plus

Décrète :

Article 1

Tout commerçant, artisan, banquier ou autre entrepreneur qui:

  se servirait allègrement dans la caisse de son établissement

   recevrait des sommes supérieures au traitement de son doge bien aimé

    porterait des montres de valeur avant d’avoir atteint l’âge de 50 ans

    profiterait des attaques de Da Mondialus pour déplacer son établissement en dehors de la cité de Venise

     (pendant qu’on y est) dirait du mal du doge

Sera condamné à verser au trésor vénitien les sommes incriminées et se verra infliger (au choix) : une peine d’enfermement avec les Nuovi Carnavalieri, une séance de lapidation à coups de chaussures, une sortie en mer avec l’équipage du redoutable  Da mondialus, un stage de découverte de la fraternelle accolade, un dîner mondain avec Saint Bernard Pie-Paul , ou une tournée avec les Pagliaci Di Scena au grand complet cette dernière punition étant,  je le reconnais, au-delà du supportable).

Article 2

Tout Vénitien se prénommant Francesco Braïni et exerçant la profession de fabricant de masques se verra appliquer l’article 1 sans limitation de durée.

 Le Doge, Nicolo Da Ponte en sa grande sévérité

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