Posts Tagged ‘Bayrou’

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Sire Braïni de vert de rage

10 juin 2010

Librement inspiré d’une pièce de théâtre qui sera écrite 287 ans plus tard par un auteur de génie

Venise, jeudi 10 juin 1610,

Cher Marinella,

Il me vient un souvenir daté du lendemain des élections des provinces vénitiennes.

Me promenant comme à mon habitude, tôt le matin dans les rues de Venise, je croise un jeune vénitien qui m’aborde d’un air équivoque, il me toise, me dévisage puis me lance :

« Eh Braini, tu es le chef de Mascarade, Ombre, Déguisements et Mystères , ta guilde est morte, les vénitiens n’en veulent pas , tu ne seras jamais doge de Venise mon pote ! »

« Et pourquoi cela ? » lui répondit-je humblement

« Parce que tu es nul comme chef de guilde ! »

Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme !

On pouvait dire… oh ! Dieu ! … bien des choses en somme...

En variant le ton, par exemple, tenez :

Agressif :

« moi, monsieur, si je faisais de tels scores aux élections je me voilerais la face ! »

Amical :

« mais voulez vous que j’implore les vénitiens de voter pour vous malgré tout ? »


Descriptif :

« votre défaite  c’est un désastre ! … c’est une piquette… c’est une raclée ! Que dis-je, c’est une raclée ? … c’est une catastrophe ! »


Curieux :

« vous remettrez-vous d’une telle humiliation ? »


Gracieux :

« aimez-vous à ce point le doge et les Paggliaci di Scena pour leur laisser gagner avec autant d’avance ? »


Truculent :

« ça, monsieur, lorsque vous êtes ainsi humilié,

votre guilde ne brûle pas assez

Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »


Prévenant :

« gardez votre guilde entraînée

Par ce gadin, de tomber en avant sur le sol ! »


Tendre :

« faites à votre guilde prendre une cure de jouvence

De peur ces fabricants par votre score ne renonce ! »


Pédant :

« l’animal seul, monsieur, aussi têtu que vous après tant d’autisme ne peut-être qu’une mule ! »


Cavalier :

« quoi, l’ami,  l’écologie est à la mode ?

Pour vous faire manger votre chapeau c’est vraiment très commode ! »


Emphatique :

« aucun vent ne pouvait de l’avis général,

vous faire perdre toutes ces voix, excepté le mistral ! »


Dramatique :

« Je suis sûr que votre cœur orange saigne ! »


Admiratif :

« pour le doge, avoir un tel concurrent quelle aubaine ! »


Lyrique :

« est-ce une blague, êtes-vous un confiant ? »


Naïf :

« cette guilde, quand la transforme-t-on ? »


Respectueux :

« souffrez, monsieur, qu’on vous salue,

C’est là ce qui s’appelle être complètement battu ! »


Campagnard :

« hé, ardé ! C’est-y une défaite ? Nanain !

C’est queuqu’fiasco géant ou ben queuqu’gros gadin ! »


Militaire :

« visez donc les 5 % ! »


Pratique :

« Pariez qu’un jour vous reveniez en haut ?

Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »


Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :

« Le voilà donc ce chef de guilde qui de ses fabricants

A détruit les espoirs ! Il en pâtit, maintenant ! »

—Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit

Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit :


Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,

Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres

Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !

Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut

Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,

Me servir toutes ces folles plaisanteries,

Que vous n’en eussiez pas articulé le quart

De la moitié du commencement d’une, car

Je me les sers moi-même, avec assez de verve,

Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve


Tu as vu combien je parle bien quand je suis agacé ?


Francesco Braïni , aide mon rosse temps

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L’Orange Galant ou Venise vaut bien un masque

14 Mai 2010

Venise, vendredi 14 mai 1610

 

Ô Marinella,

Je viens d’apprendre une bien mauvaise nouvelle venant de France.

Mon idole, ma lumière céleste, mon étoile luminescente, ma voix dans la nuit, mon guide suprême, mon prince fabuleux, ma statue du commandeur vient de s’éteindre, assassiné lâchement par un illuminé dans une rue de Paris.

Le bon roi Henri, mon idole, ma lumière céleste, mon étoile luminescente, ma voix dans la nuit, mon guide suprême, mon prince fabuleux, ma statue du commandeur est mort, te rends-tu compte de la perte que cela représente pour moi ?


Tu le sais, je suis comme mon idole, ma lumière céleste, mon étoile luminescente, ma voix dans la nuit, mon guide suprême, mon prince fabuleux, ma statue du commandeur : vénéré par mes courtis… euh mes fabricants comme lui l’était de ses sujets, prêt à tout pour effacer mes opposants, grand amateur de la gente féminine et surtout surtout, j’ai un destin doré de Doge de Venise à accomplir comme lui l’a fait comme roi de France.


Mais en plus de la peine que je ressens après  la mort de mon idole, ma lumière céleste, mon étoile luminescente, ma voix dans la nuit, mon guide suprême, mon prince fabuleux, ma statue du commandeur, un affreux doute me tourmente…

Henri IV, mon idole, ma lumière céleste, mon étoile luminescente, ma voix dans la nuit, mon guide suprême, mon prince fabuleux, ma statue du commandeur, meurt en pleine gloire, alors qu’il s’apprêtait à reconquérir deux villes conquises par les Habsbourg : Clèves et Juliers.


Vais-je moi aussi périr avant d’amorcer la conquête du Palais dogéal, endroit que la destinée à prévu pour être ma demeure en 1612 ?

Les troupes de la perfide Corinna Il Pagini me porteront-elles un coup fatal ?

Le terrible bandit Giulardi se lancera-t-il à mes trousses ?

Toi Marinella me laisseras-tu tomber avant la dernière marche qui s’ouvre à moi ?

Le Doge Da Ponte fera-t-il tout pour empêcher le peuple de Venise de me porter à la dogéité ?

Car comme mon idole, ma lumière céleste, mon étoile luminescente, ma voix dans la nuit, mon guide suprême, mon prince fabuleux, ma statue du commandeur, je suis béni par la Sainte Vierge, et seuls des malfaisants empêcheront mon destin de s’accomplir.

Francesco Braïni, futur doge, sauf si….




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A la recherche frénétique du cavaliere mandarine !!!

9 mars 2010

(Dans le porte-billet de Francesco Braïni – 9 Mars 1610)

Mon bon Francesco,

N’ayant pas le don d’ubiquité, je tiens à vous informer que je suis aucunement responsable des méfaits que vous m’attribuez en me soupçonnant d’être le cavaliere mandarine, pour la simple raison que les mois passés j’étais trop occupé à détrousser quelques riches brebis égarées sur la lagune pour nourrir la veuve et l’orphelin.

Enrico Giullardi

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Monsieur Braïni !

Hiiiiiii ! Moi je sais qui c’est ! J’ai des preuves formelles ! J’ai tout étudié, tout décortiqué, tout analysé, tout agité, tout autopsié, tout caractérisé, tout comparé, tout considéré, tout déchiffré, tout décomposé, tout dépecé, tout désossé, tout disséqué, tout dissocié, tout distingué, tout énuméré, tout épluché, tout examiné, tout inventorié, tout psychanalysé, tout raisonné, tout recherché, tout  regardé, tout résolu, tout scruté, tout sondé, tout vérifié pour trouver l’identité de ce cavaliere mandarine qui vous fait des misères, mais vous allez rire…je me suis surtout tout trompé ! Yihhhaaa !

Il Romaintus

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Monsieur le Président de la guilde  « Mascarade, Ombres, Déguisements et Mystères »

Aucun article du règlement intérieur de la guilde ne prévoit ce genre d’amusement épistolaire public, déduisez-en que je ne suis donc pas l’auteur des écrits qui sont reprochés au cavaliere mandarine

Par contre si vous mettez la main sur lui, c’est avec abnégation que je remplirai ma noble fonction de médiateur.

Nicolo Mansinetti

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Francesco,

Le cavaliere  mandarine n’étant pas une femme, il n’y a aucune chance que je le connaisse.

Guillermo di Casanogon

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Braïni,

Une bonne fois pour toutes : je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine, Je ne suis pas le cavaliere mandarine

Christo Gistani


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Monsieur le chef de guilde,

Laissez donc notre beau cavaliere mandarine tranquille, il est si beau, si gentil, si frais, il porte si bien le masque et il parle si vrai que nous serions vraiment tristes s’il venait à disparaître de notre horizon quotidien.

Baronneta Francesca Bianca, Sophia di Massilia, Lucia di Ridero et leur cousine Geraldina en pâmoison

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Tête mâle : Mon pote Francesco,

Mais p….. de b….. de m…., c’est quoi ce f…… ? Tu te laisses emm….. par un zozo orangé qui te démonte la g….. à longueur de journée en disant que tu  pourris la vie de tes fabricants de masques. Et tu n’as même pas les c……. de lui dire en face à ce clown ce que tu penses de ce qu’il te balance à la tronche ?

Mais c’est quoi ce chef de guilde à la noix ? je vais te le dire ce que….

Tête femelle : … Euh, je reprends le fil de cette missive, mon compagnon un peu impulsif voulait dire en fait :

Monsieur le chef de la guilde,

Nous nous étonnons de l’agitation qui sévit dans la guilde. Nous sommes interpellés par le fait qu’un quidam de couleur mandarine vienne asséner des coups en vous accusant de ne pas être irréprochable vis-à-vis des fabricants dont vous êtes le représentant. Nous sommes déçus par le fait que vous ne répondiez pas aux propos que ce triste sire tient sur vous. Nous nous interrogeons par voie de conséquence sur votre légitimité à la tête de la guilde !

Le terrible duetto Cocobino

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Mon Francesco,

Mais euh, il fait que m’embêter le cavaliere mandarine. C’est un vilain pas beau, qui dit des paroles méchantes et qui me donne envie de crier très fort « Assez ! ».

S’il continue je vais devenir tout rouge, et même peut-être que je dirai un gros mot.

Voila c’est dit, na ! Alors qu’il arrête celui là hein !

Giacomo Madjabruti

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Ami des Fruits et Légumes, notre bon Braïni,

Nous sommes nous aussi des cavalieres maraîchers et nous déplorons que vous ne vous intéressiez qu’à ce cavaliere mandarine:

Moi le Cavaliere Salsifi, je pourrais facilement vous démontrer que ce cavaliere est un vil imposteur et qu’il est de surcroît un malandrin plutôt qu’une mandarine.

Moi le Cavaliere Kiwi, je vous apprendrai que dans votre secte se trouvent des pseudo-amoureux de la nature qui en fait ne sont amoureux que des bienfaits que leur courtisanerie à votre égard leur prodigue.

La confrérie naissante des cavalieres maraîchers

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Mon cher chef de guilde adoré,

Oui, c’est moi le cavaliere mandarine !

Euh… non malheureusement, ce n’est pas moi, et pourtant j’aurais bien aimé sentir une fois,  ne serait qu’une seule fois, le doux vent de la contestation de votre pouvoir suprême, hum… cela me faisait frissonner.

Princesse Mirabella, effrontée

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Mon bon Braïni

Vous le savez, nous autres les membres de la confrérie de « Jesus GRID ressuscité », nous ne parlons pas vénitien mais uniquement par citations, aussi à propos de ce cavaliere mandarine pourrons-nous dire avec force :

« Une seule mandarine pourrit tout un panier. » (Chroniques abyssiniennes)

Comprenne qui pourra…

Giacomo-Enrico Strossi


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Monsieur FB,

Moi, Gianfranco Democratico, vaillant défenseur de la guilde, dont les hauts faits verbaux ne sont plus à prouver, je voulais vous dire que bien que n’étant pas le fameux cavaliere mandarine, ce qu’il dit est assez conforme à ce que je ressens depuis peu et n’allez pas trouver de contradictions de ma part. Avant je trouvais bénéfique d’être courtisan, maintenant je tire plus de profit à être un opposant alors me voilà devenu le défenseur convaincu des fabricants opprimés.

Je me suis donc en toute cohérence choisi le très seyant surnom de « girouettino ».

Gianfranco « girouettino » Democratico

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Ô Grande Lumière de la  M ascarade,  Ô grand prince de l’Ombre, Ô majesté  des Déguisements et des Mystères !

Toi qui éclaire la guilde d’une lueur céleste, toi qui nous guide, nous pauvres égarés, dans les ténèbres de Venise !

Toi qui vois tout, sais tout, prédis tout !

Toi qui permets à des brebis apeurées de retrouver un peu de force

Protège-nous ! Oui, protège-nous de ce terrible fléau qu’est le cavaliere mandarine, abat sur lui ta puissance, déchaîne toutes les flammes de l’enfer contre celui qui te fait des misères et nous plonge dans l’effroi et le tourment ! Et s’il ne comprend pas, inflige-lui le châtiment suprême : envoie lui l’Archange Celina Alomini !

Thomassone Cortegiano, courtisan notoire de la guilde

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Un vengeur masqué de plus : le cavaliere mandarine

5 mars 2010

Venise Jeudi 04 Mars 1610,

Marinella,

J’aimerais que tu mènes des investigations sur ce mystérieux cavaliere mandarine qui s’amuse à coller dans les locaux de la guilde des lettres m’étant destinées.

Au besoin promets une prime à qui le démasquera. Ou fais appel à une boule de cristal ou au tirage des tarots. Enfin, je fais confiance à tes méthodes habituelles.

Voici la lettre de menaces qu’il m’avait envoyée il y a quelques mois. Je ne te l’avais pas confiée parce que je croyais à une farce de la part d’un jeune apprenti de fabrique éconduit se prenant pour Enrico Giulardi et je n’avais pas voulu t’alarmer à l’époque au vu du vilain torticolis persistant que tu avais contracté lors de ton voyage à Marseille. Mais là ses lettres deviennent de plus en plus fréquentes et sont même attendues avec avidité par nos fabricants. Cela ne peut plus durer.

Je te fais confiance une fois de plus, ne me déçois pas une fois encore, Ô Marinella !

Ton Francesco.


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Venise, Dimanche 29 novembre 1609,

Francesco,

Par la présente, je vous informe que face à la montée des périls j’ai décidé d’entrer en résistance.

Vous pouvez compter sur moi, le cavaliere mandarine, pour vous rappeler tous les jours que vous n’êtes qu’un infâme bonimenteur.

Vous me connaissez… ou peut-être pas… mais cela n’a aucune importance, car je ne suis que le porte-voix anonyme des fabricants que vous dupez depuis votre élection à la tête de la guilde il y a bientôt 3 ans. C’est à eux que je pense chaque fois que le rasoir du barbier effleure ma joue, encore imberbe il y a peu.

Oui, me voilà désormais homme, mais que ma plume juvénile ne vous trompe pas sur la nature de ma force : je suis aussi agile qu’une fouine, et comme elle, de par ma préférence alimentaire pour les rongeurs, j’exerce une sorte de police sanitaire, surtout contre les rats comme vous qui se nourrissent à tous les rateliers selon l’évolution de leurs intérêts.

Me voilà donc, Francesco, et je suis venu pour rester. Vous pouvez compter sur moi.


Cavaliere mandarine



PS : Mandarine je le suis de par ma jeunesse, mais même si je suis le moins acide parmi les agrumes, n’oubliez pas que je peux porter de nombreux pépins 

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Contes et légendes de la lagune : La terrible île de Novantadue (92)

10 février 2010

Francesco BraÏni entre dans la chambre de son petit-fils et se fâche :

« Dis donc tu vas dormir ! Si tu ne dors pas dans cinq minutes, je vais t’exiler dans la terrible île de Novantadue ! »

–   Papy c’est quoi la terrible île de Novantadue ?

–   Bon je vais te raconter et ensuite du dors, hein !

Là-bas, loin loin dans la lagune qui borde Venise, se trouve une île mystérieuse et étrange, l’île de Novantadue.

Elle est essentiellement peuplée de fabricants maudits de la guilde Mascarade Ombre, Déguisements et Mystères que j’ai exilés loin de la fabrique pour être tranquille. On raconte que depuis ils se sont transformés en monstres et en chimères et n’auraient plus rien d’humain à part la parole.

– Et pourquoi « Novantadue », papy ?

– Ne m’interromps pas tout le temps !  je vais t’expliquer…

Novantadue en italien veut dire 92 car j’en entends parler 92 fois par jour et qu’ils me causent 92 000 problèmes.

La légende dit que les côtes de l’île sont gardées par le Cocobinator, un cerbère à deux têtes : l’une de chat, douce et calme, l’autre de lion, rugissante et effrayante. Quand la tête de chat parle en miaulant, il n’est pas rare d’entendre le lion l’interrompre par un  « chaton ! Laisse moi faire, je vais leur montrer, moi ! »

Si tu arrives à passer l’obstacle du Cocobinator, tu t’enfonces dans la forêt luxuriante qui occupe la plus grande partie de l’île. Là vit tout une faune iconoclaste ou extravagante.

On y trouve d’abord une espèce d’écureuil, le Ginistix, qui à la particularité de garder des informations désobligeantes pour moi dans ses bajoues et de les transmettre à Venise par des messages qu’il met dans des bouteilles jetées à la mer.

Viens ensuite le Branatus, un petit reptile nerveux, replié et tellement courbé qu’il lèche le sol quand l’un des deux ogres de l’île vient à passer par-là.

– Des ogres ! Papy je veux plus que tu me racontes ! j’ai peur !

– Trop tard, petit impertinent,  je poursuis…

Oui, deux ogres habitent chacun un manoir dans la partie septentrionale de la forêt, manoirs qui se font face.

Il se dit qu’ils se détestent et qu’ils ont chacun une ménagerie de monstres qu’ils ont dressés à se combattre pour prendre le pouvoir sur Novantadue.

L’un des ogres, Bernie LePasbo est un ogre habile mais agressif. Les autres habitants de l’île s’en méfient.

L’autre Danny Badtrippes, était membre du Sénat de Venise. Ogre moins imposant mais bien plus sournois.

Dans une des prairies de Novantadue, vit aussi un cheval biface, le Romainteux. Ce cheval est déroutant car il a la particularité de pouvoir passer d’un état de cheval apprivoisé et doux à celui d’un pur-sang enragé et hennissant en quelques secondes. Effrayant non ? J’aurais bien aimé l’attraper pour l’intégrer à mon élevage, mais il est indomptable.

Il y a aussi le Grebarion, une sorte de caméléon venimeux, qui s’adapte à tous les terrains, les saisons et les situations. Il vit là où la nourriture est la meilleure et n’hésite jamais à changer d’endroit ou de maître pour se sustenter.

Quelques autres spécimens encore :

La Chantalebro noire, une sorte d’araignée velue qui étouffe ses proies dans de la bave tiède

Le Dupino, petit renard sage à la chevelure soignée, bien trop délicat pour la vie à Novantadue, mais qui survit grâce à son flair

Le Creuzac, petit lézard putride et agressif qui se terre sous l’aisselle de Dany BadTrippes pour mieux atteindre ses cibles.

Le Burelos, une sorte de bélier batailleur, qui saute sur tout ce qui bouge

Le Delomniac, un humanoïde qui a en guise de grid-grid  protecteur un singe perché sur son épaule, qui change d’épaule en fonction de son humeur.

La Whitemulesse, un croisement entre une mule et une huître

Le Coche peint, une mouche (du coche) inoffensive aux poils oranges

Le Trop teint, un passereau inoffensif à la teinte orangée

– Comme tu le vois mon garçon, l’île de Novantadue est bien effrayante, et je me demande dans certains moments d’égarement  lucide si je n’ai pas fais de grosses bêtises dans cette histoire…

Mais le garçon dort depuis longtemps, le sommeil agité et assombri par cette île maléfique.

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Le bal des courtisans

18 janvier 2010

Lundi 18 Janvier 1610,

Mon très cher Albino,


Moi, Gianni-Enrico Branati, te transmets tous mes voeux de réussite et de bonheur pour cette nouvelle année !


Je ferai tout pour oeuvrer pour la réussite de ton entreprise, mon ami, car tu sais qu’elle me tient à coeur, naturellement.


Ah quelle belle communion d’idées virile il y eut entre nous lors de la réunion d’hier !

Que j’aime te voir travailler tranquillement en profondeur, faire lentement mais sûrement le tour des fédérations de notre illustre guilde, et participer à des réunions locales de fabricants en bravant vaillamment ton aversion pour l’odeur rance et chargée des ateliers.

Car c’est chose admirable que de te voir peaufiner ton discours attendu à l’épreuve de la dure réalité ; tu en profites pour échanger sans relâche des idées (eh oui !) et te nourrir avec gourmandise de celles qui sont portées par les fabricants “lambdas”, tous ceux qu’on n’écoute pas souvent (ou pas forcément) et qui constituent pourtant le gros de nos troupes déclinantes, qu’il faut donc soutenir dans cette ultime épreuve.

Je t’affirme avec toute la constance et la loyauté qui me caractérisent, que je ferai partie de ceux qui porteront avec ardeur cette campagne que tu veux résolument moderne. Avec notamment cette idée lumineuse d’envoyer une copie de  ton portrait à tous nos fabricants, afin qu’ils puissent l’afficher fièrement au-dessus de leur fabrique ! Ces fabriques où règne en maîtresse la sueur du dur combat quotidien, que nous avons pour mission de relayer en le portant fièrement au plus haut niveau.

Oui, mille fois merci à toi de nous aider à porter si haut les couleurs de notre guilde !

Bien à toi !

Gianni-Enrico Branati

PS : je suis le petit châtain en manteau gris qui n’arrêtait pas de t’aider généreusement à finir tes phrases pendant la réunion d’hier.


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Très cher Albino,


Moi, Gianfranco Democratico, vaillant défenseur de la guilde, dont les hauts faits verbaux ne sont plus à prouver, je me permets de vous déranger dans la réalisation de votre geste car j’ai besoin de vous témoigner spontanément ma loyauté au cas où de méchants bruits me concernant parvenaient à vos oreilles.

Veuillez m’en excuser par avance, mais j’avoue que j’ai essayé de me renseigner par curiosité déplacée sur le processus de votre élection, mais discrètement, afin de ne pas faire de vagues fort inutiles en ces temps difficiles pour notre guilde. Il reste à mes yeux somme toute légèrement un tout petit peu opaque aux entournures et c’est pas faute d’avoir fait des efforts surhumains pour ne pas trop me poser de questions !


Oui, cher Albino, je l’avoue, j’ai bel et bien demandé en catimini à Thomassone Cortegiano de m’expliquer pourquoi on a annoncé le choix du candidat avant même la tenue du vote officiel,

Oui, cher Albino, c’est encore moi qui ai poliment demandé dans un murmure inaudible à notre aimable Frère Hérético de m’expliquer pourquoi on a procédé à un vote secret plutôt qu’à un vote par acclamation comme cela avait été annoncé ?

Je tiens par la présente à vous affirmer que toutes ces démarches n’ont eu pour unique objectif que de répondre à la curiosité qui me ronge de l’intérieur, ce mal que je n’ai de cesse de combattre et que j’espère parvenir à surmonter grâce à l’aide avisée de Frère Hérético, qui a déjà parcouru tout le chemin qui mène à la bêê attitude. Puissiez-vous me le pardonner un jour !


Votre bien dévoué et torturé,


Gianfranco Democratico






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Beau et noble Albino,


Moi, Oreada Carconetti, je me joins au choeur de louanges qui ne tarit plus depuis votre désignation électorale pour vous témoigner une fois de plus mon admiration et accepter avec grâce l’offre généreuse et clairvoyante que vous m’avez faite de vous seconder dans cette dure épreuve.

Je soumets d’ailleurs à votre jugement exquis et délicat l’idée qui m’a effleurée ce matin. En écoutant un joli rossignol chanter devant ma fenêtre j’ai eu l’idée de vous proposer spontanément la constitution d’un choeur féminin pour notre prochaine campagne !

Ce choeur, composé des jeunes filles et dont je serai la chanteuse soliste, aura deux missions. La première sera éducative : susurrer à l’oreille de nos fabricants démotivés de doux slogans de campagne. La seconde plus combative : atteindre nos électeurs au plus profond de leur coeur en éveillant leur sentiments compassionnels à l’égard de notre guilde aux abois.

Si vous êtes aussi enthousiaste que moi à cette idée, je vous prie de régler la facture ci-jointe. Il s’agit de menus achats pour la chorale, que j’ai déjà constituée et que je veux élégante, persuadée que vous seriez d’emblée emballé par cette idée innovante. Car je ne doute pas un instant que nous allons bien nous entendre !

Oh, quel joli score nous allons obtenir grâce à la subtile combinaison de nos talents !

Avec toute mon affection,

Oreada Carconetti


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Pourquoi je vote OUI-OUI

18 décembre 2009

Vendredi 18 Décembre 1609,

Mes chers collègues de la guilde « Mascarade, Ombres, Déguisements et Mystères », je voudrais par cette missive vous expliquer pourquoi il faut voter mille fois OUI-OUI à la nomination votationnée d’Albino Doliomi à la tête de la liste de notre guilde pour la prochaine élection des  représentants des provinces vénitiennes.

1)      Il est beau et tout le monde sait qu’a Venise, il est plus important de paraître que de montrer qu’on est capable d’être un bon conseiller avec les mains dans le cambouis et une expérience concrète de la chose publique. Et ça, Francesco Braïni, loué soit-il, l’a bien compris !

2)      Il a des sequins ! par centaines, par milliers : des sequins partout !

L’élection coûtera cher, la guilde n’est pas riche (enfin si , mais bon, faut pas le dire), donc Doliomi tombe à point nommé pour que Francesco Braini, notre étoile céleste, garde les « sequins1612 » comme il les surnomme.

3)      Il n’a jamais rien dit, ni fait à propos de Venise : magnifique trouvaille de notre luminescent Francesco Braïni: quoi de mieux pour attirer les électeurs que de mettre en avant quelqu’un qui, à leur image, n’y connait pas grand chose ? C’est ça  concrètement le renouvellement des représentants ! Ceux qui diraient le contraire ne sont que des aigris de mauvaise foi !

4)      Ce choix personnel unanime de notre chef permet d’éviter le dilemme d’avoir à choisir entre plusieurs candidats méritants et de prendre ainsi le risque de les mécontenter. Or, les fidèles méritants deviennent une denrée rare par les temps incertains qui courent.

5)      Il est maure : eh oui,  la guilde est humaniste, et elle se doit de favoriser les maures !

Francesco Braïni ne voulant pas entamer la modestie et la forme physique des « maures » déjà présents dans la guilde et qui , eux  ont participé activement à sa création et son existence, a préféré en prendre un tout neuf, tout propre,  qui ne risque pas de lui reprocher sa gestion passée de la guilde, et dont l’usure ne risque pas de porter préjudice à son bon fonctionnement.

6)      Enfin et surtout je voterai pour lui et vous demande de le faire instamment car c’est notre chef Francesco Braïni qui nous l’a choisi dans sa grande mansuétude.

Maintenant que Doliomi a été prestement mis en avant par Braini dans tout Venise, comment pouvez vous décemment envisager de ne pas valider son choix ?

Imaginez les titres des gazettes si vous votiez tout simplement NON :

« Le candidat de Braïni rejeté »

– « Braïni veut convaincre les vénitiens en 1612 mais ne parvient même pas à convaincre ses propres fabricants»

– « « Mascarade, Ombres, Déguisements et Mystères » qui se dit humaniste, dit non à un maure »

– « Chez Mascarade, Ombres, Déguisements et Mystères, même quand il n’y a qu’un maure ça en est déjà un de trop »

– « Chez Braïni, c’est never maure »…etc

Alors je vous en conjure votez librement OUI-OUI pour Doliomi, ne serait-ce que pour ne pas nuire à notre chef suprême.

Thomassone Cortegiano, courtisan notoire de la guilde

Ps : bien évidement je ne dis pas tout ça parce que je suis moi même candidat à une place sur la liste, comment pourrait-on m’accuser de tels mesquins calculs ?

PPs : j’oubliais, Albino Doliomi a aussi « toujours le mot gentil », comme moi.

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Braïni : Maure à Venise !

25 novembre 2009

Venise, Mardi 25 Novembre 1609,

Cher Fabricants du premier cercle de fabrication,

Ca y est ! J’ai trouvé ! Alleluia ! Eurêka ! Nous sommes sauvés !

J’ai dégoté ce matin en me promenant près du quartier maure de la ville, la perle rare pour conduire la liste de la guilde  à Venise pour la prochaine élection des provinces vénitiennes : un marchand maure, nommé Albino Doliomi !

Bon, tout d’abord, il ressemble à Borackio Obamati, le roi du carnaval des Nouvelles colonies ce qui, par les temps qui courent, est un gage de modernité et de diversité.

Mais bien évidemment même si c’est le principal argument qui m’a faitle choisir, jamais, au grand jamais je ne le dirais en public !

Moi, Braïni, choisir des candidats juste parce qu’ils existent en dehors de la guilde et qu’ils n’ont rien fait pour elle ? Jamais je ne l’admettrais !

Bon, et puis il présente tous les critères du bon candidat à mes yeux :

–         Il ne m’a jamais ennuyé sur ma façon toute personnelle de diriger MA guilde

–         Il ne me cite pas à tout bout de champ mes vieilles formules du genre « Si tous les Vénitiens pensent la même chose, c’est qu’ils ne pensent plus rien » ou encore pire « Cher Vénitiens, j’ai une bonne nouvelle : à partir de ce soir la politique à Venise ne sera plus jamais la même ! »

–         Il est bien fait de sa personne et  j’aime les gens bien faits de leur personne (certaines fabricantes de la guilde pourront en témoigner)

–         Il ne s’offusque pas d’être désigné, comme cela, par le fait du doge-qui-n’est-pas-encore-doge, alors que des fabricants qui ont depuis longtemps mérité cet honneur ne sont même pas pris en compte pour la candidature car leurs profils sont trop « communs ».

Je sais, vous allez me dire :

 – Il porte le nom d’une auberge célèbre de Venise :

Et alors ? Il n’en sera que davantage considéré comme doué pour la cuisine électorale !

–         Il n’a jamais rien fait pour la guilde :

Et alors ? Je ne considère pas que le fait de travailler d’arrache-pied pour la guilde soit à récompenser !

–         Il n’a jamais, au grand jamais pris une position sur la société vénitienne :

Et alors ? Je ne considère pas que le fait de connaitre la question pour laquelle on brigue un poste tienne la route face à des considérations esthétiques ou de communication

–         Sa désignation toute personnelle ne correspond pas au mode de désignation prévu par les Statuts de la guilde :

Et alors ? Je suis le chef de la guilde, et je considère avoir le droit de décider comme je l’entends. Les Statuts sont une matière vivante et donc mouvante dixit mon conseiller Enrico Azieri, j’en fais donc ce que je décide d’en faire, là réside toute la subtilité de l’accommodation, vous en conviendrez.

Et puis les fabricants de la base se prononceront : si 99 % d’entre-eux se prononcent contre, je procèderai à un deuxième vote.

Dans ce cas, soit je soumettrais ce deuxième vote uniquement aux fabricants qui se prénomment Francesco ou Marinella., soit  je demanderai dans une même question aux fabricants (un seul oui ou non sera permis pour ces deux questions) s’ils sont pour la baisse des cotisations à la guilde et s’ils valident mes choix de candidats. J’hésite encore entre ces deux formules, car je ne sais laquelle est la plus démocratique. Mais je trancherai aux dés.

Comme vous le voyez, chers membres, ceux qui critiquent la gouvernance interne de la guilde sont vraiment de mauvaise foi !

Francesco Braïni, juste parmi les justes

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Envers et contre tout, et rien qu’entre toi et moi !

18 novembre 2009

Mercredi 18 Novembre 1609,

Francesco mio,

Tu me connais bien mon joli coeur, je n’aime pas qu’on me marche sur les pieds !

Hier j’allais à la fabrique centrale de masques de notre guilde « Mystères, Ombres, Déguisements et Mystères » comme je le fais les jours où j’ai besoin de me faire louer par mes courti… heu mes fabricants préférés.

Et que vois-je en arrivant ? Mon fidèle Frère Hérético, se précipite vers moi et me fait son rapport de surveillance des fabricants.

Horreur ! Il m’apprend qu’un petit groupe de fabricants s’était retranché dans un atelier et fabriquait des masques non conformes à mes prescriptions !

Il y avait là l’ingrat Dupino, l’intrigante Di Cremoso, le duetto Cocobino, Lucia Di Ridero,  Fabio Lauresti, et même, en esprit, la très très ingrate (car je lui ai tout donné comme chacun le sait) Virginia Votinetti et sa bande de lutins masqués.

Jusque là rien que des sous-fifres, pas de quoi fouetter un chat, mais je faillis m’étouffer lorsque je vis dans le fond de l’atelier la félonne, la perfide, la sournoise Corina il Pagini !

Et que fabriquaient ces intrigants ? Des masques VERTS !

Une commande spéciale de Daniele Competito se défendaient-ils quand je leur ai ordonné d’arrêter, car c’est moi qui ordonne ici, que diable !

Il Pagini l’effrontée  m’a soutenu mordicus que les masques verts commandés par les Verdicce sont les seuls susceptibles de faire rebondir  notre guilde depuis que Competito a fait fortune lors de l’élection des représentants de Venise à l’assemblée des villes de foire d’Europe (où notre guilde s’est plant..euh comportée honorablement) !

Or, comme tu le sais, j’ai choisis pour la collection printemps-été 1610 de délicieux masques roses orangeâtres qui scelleront notre amitié nouvelle avec les Pagliaci di Scena, et je ne tolèrerais pas que des masques verts orangeâtres, limite couleur caca d’oie, sortent de nos ateliers, en tout cas, pas tant que je ne le déciderai pas !

Je sais que tu préfèrerais qu’on se passe de notre collection de masques cette année, car les coûts de fabrication se sont envolés et nous aurons besoin de cet argent pour nous démarquer lors du superbe carnaval de 2012, qui précèdera l’élection du Doge. Mais il ne faut tout de même pas que nous perdions la main d’ici-là et produire une petite centaine de masques ici ou là pour quelques fidèles clients nous permettra de maintenir quelque peu notre savoir-faire.

Reste à faire passer ce manque d’ambition auprès de nos fabricants… mais je compte sur tes talents oratoires.


Je compte aussi sur toi pour m’aider à ramener tous ces petits cloportes dans le droit chemin et t’occuper sérieusement de la Il Pagini qui commence sérieusement à échauffer mes exquises petites oreilles (pour lequelles tu m’as toujours louée…).

Quant à l’ingrat Gistani, qui intrigue avec elle et a quitté la guilde pour développer son projet de lampions alternatifs, je te garantis qu’il n’aura bientôt plus aucun client pour sa fabrique de lampions, tu sais combien j’ai bien appris de toi.

Ta Marinellounette fraîche comme une rose

Ps : L’hérético toujours prompt à fayoter pour gagner mes faveurs, m’a aussi fait part pêle-mêle d’informations insolites sur d’autres sous-fifres qui me font dire que Venise est dans une situation bien étrange ces temps-ci :

– Les membres de la confrérie familiale du « Jesus GRID ressuscité » seraient revenus dans le droit chemin et font comme s’ils ne nous avaient jamais fortement mis en cause toi et moi,

–  Francesca Bianca se serait faite attaquer par les paons du zoo de Venise,

– Gianfranco Democratico, ton fidèle serviteur, se livrerait en martyr et dans l’indifférence générale aux pires attaques de nos détracteurs,

– La princesse Mirabella, et c’est tout à fait plaisant, aurait perdu la mémoire à cause d’un philtre malencontreusement bu chez Melvina Silva la sorcière (et ne se souviendrait que d’une chose : ton nom, ce qui me fait m’interroger),

– Giacomo-Erico Branati, qu’on a connu beaucoup moins indulgent envers toi mon Francesco proposerait ses services pour nous aider à châtier cet Antonio Dupino à la langue bien pendue… etc.

Pauvre guilde….

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Doge de Venise, un metier difficile !

17 octobre 2009

portebillet  Dans le porte-billets du Doge, du 5 au 9 Octobre 1609

 Lundi 5 Octobre 1609,

 Divin Doge,

 Voici quelques centuries que j’ai rédigées ce matin afin de vous alerter des douloureuses divinations qui me hantent a votre propos :

 Centurie LIII

 Roi carnavalier injustement préféré au maître des eaux oublié

Se verra honoré par aréopage des sages mondiaux

Grand chantre de la paix il sera désigné

Maitre des eaux marri se retrouvera bientôt

 Centurie LXV

 Ministre cultivé cultivera problèmes

Indigènes lointains remonterons du passé

Citoyens indignés lui jetteront l’anathème

Piteusement défendra son honneur bafoué

 Nostramincus, devin officieux de sa dogéité

 Alain Minc

 

 Mardi 6 Octobre 1609,

 Fooooooooooormidable Doge,

 Pouvez-vous m’aider à raisonner Francesco Braïni, vous qui le connaissez malgré tout si bien ?

 A la fabrique de Masques, Ombres, Déguisements Et Mystères, nous nous demandons ce qu’il veut vraiment : alors que nous n’avons pas encore pu refourguer la collection de masques bleus de 1606 que l’Union des Marchand de Poignards nous avais commandés, il m’avait ordonné  en juillet d’accepter une commande de masques rose-orangés de la part des Pagliacci di Scena.

Alors je fais travailler mes fabricants à plein régime, comme d’hab’ je dégomme les récalcitrants, je vitrifie les hésitants, et je musèle les indécis…  et que m’annonce-t-il ce matin ?

 « Marin’ (il m’appelle Marin’ en privé) laisse choir les masques roses, les masques verdâtres rapportent plus, on change la collection !».

 Comment vais-je annoncer aux Pagliacci, qui m’ont promis monts et merveilles, que nous allons ainsi aller au plus offrant ? Je me sens parfois si faible…

 Marinella Di Sarnofio, bleue, orange, rose, verte

sarnez

 

 Mercredi 12 octobre1609,

 Doge, mon paute

 Y en a mare, marre, marrrre !

 Fou donk en taule Fabio Lauresti et Lucia Di Rrridérrrro.

 Il ecrive dé bilé ilyzibleux qui marrache les zyeu

 Si ca kontinus ze vé me fachais tou rrrrrouje !

 Si tu fé pa sa ze shante sous ta fenaîtreu, crrrroââ !

 Bambino Crapino de la laguna marecagiosa

 crapaud

 

Jeudi 13 Octobre 1609,

 Bonsooooooooooooir Ô toi doge lumineux qu’on voit briller au firmament des princes, prince d’une cité millénaire et magnificence suprême de la lagune !

 Je sais, j’aurais dû mieux vous prévenir que j’adoooore les jeunes étrangers à Venise.

Les voir batifoler dans la lumière du matin me mets dans un état d’exci euh d’exégèse proche de l’orgas euh l’organique joie interne.

 Pouvoir les palp euh leur parler est un ravissement. Jeunes, Vieux, Jeunes, Jeunes, Jeunes vous le voyez je les aime tous !

 Vous trouverez en moi toujours le plus perv euh permanent soutien de votre dogiété fabuleuse, alors ne me répudiez pas pour mon amour des belles et jeunes choses.

 Je ne veux pas mourir à Venise !

 Fédérico Mitterano, satyr… euh satisfait

Frédéric-Mitterand

 

 Vendredi 9 octobre1609,

 Papounet,

 J’hésite vraiment… plus trop beaucoup encore.

 Quand tu m’as proposé le poste de conseiller au Parlement des Eaux de Venise, j’ai été fou de joi-eu !

Quand tu m’as proposé le poste de chef du groupe de l’Union des Marchands de Poignards au parlement des eaux de Venise, j’ai été ravi-eu !

Mais là, président de la chambre de commerce de la Sérénissime, à 23 ans, j’hésite vraiment-euh…

 Franchement tu m’avais habitué à mieux pour moi, ton fiston adoré-eu !

Oser me nommer par le « fait du Doge » à un poste honorable certes mais non rémunéré en sequins sonnants et trébuchants, tu te moquerais pas de moi par hasard-eu ?

 A quoi bon être le prince Giovanni pour être traité comme un manant ? Vraiment papounet si tu ne fais pas quelquechose, il est très possible que je me mette à trépigner et à retourner à mes chères études ! Tu auras été prévenu-eu…

 Prince Giovanni Da Ponte

jean sarkozy